Le loup

A la mairie de Saint-Mars-sur-la-Futaie, dans la salle du conseil municipal, trône un « loup » naturalisé (ou plutôt une louve…). Cet animal appartient à l’histoire locale. Il fut, dit-on, le dernier loup tué dans le département de la Mayenne, c’était le 17 février 1860.

 

Depuis des mois, les Médamiens étaient effrayés par cette louve qui pillaient les fermes dévorant oies, brebis et agneaux. Ce 17 février 1860, dès 7 heures, une trentaine de volontaires se placèrent sous les ordres de Jacques HAMARD. Ils se rendirent chez l’armurier Théodore TREHET qui fondit des balles pour ceux qui possédaient un fusil. Les autres dévalisèrent la boutique et s’armèrent de piques, rapières et baïonnettes… Ceux qui n’avaient pu être servis gardèrent leur gourdin. Avant le départ, les chasseurs firent un crochet par le café « SIMON » où une tournée générale leur fut servie.

A 8 heures, tous s’élancèrent vers le bois de la Hérouze, à la limite de St Mars et de la Dorée. C’est là que la tanière du loup avait été repérée.

 

Il avait neigé. Tout à coup, on aperçut des traces qu’on suivit. Après une heure de marche, la bête fut cernée dans un fourré. Jacques HAMARD tira vraisemblablement le premier, la louve débusquée bondit en direction d’un autre chasseur qui tira à son tour. Blessée au flanc, la bête reçut encore deux nouvelles décharges, une balle l’atteignit au cou, une autre à l’épaule.

 

La chasse ne faisait que commencer. L’animal gravement blessé trouva assez de forces pour s’enfuir. Les chasseurs s’élancèrent à sa poursuite en suivant les traces de sang laissées par la louve. Après avoir traversé les communes de La Dorée et Landivy (en Mayenne), Savigny-le-Vieux et les Loges-Marchis (dans la Manche), c’est finalement près du château de Monthorin, à Louvigné-du-Désert (en Ille-et-Vilaine) que la pauvre bête épuisée rendit l’âme. Pour échapper à ses poursuivants, la louve s'avança sur l'étang gelé. La glace se brisa sous le poids de l'animal. La pauvre bête périt noyée dans l'eau glacée. Les chasseurs durent emprunter une barque pour repêcher leur louve.

Ce fut un retour triomphal. La louve fut exposée à la Mairie de Saint Mars pour être présentée à la population. Deux jours après, un grand banquet fut organisé pour fêter l’évênement. Jacques HAMARD écrivit un poème :

 

Poème : La chasse de la louve


Depuis deux mois  et  plus les loups faisaient ravage,

Parcourant tout Saint-Mars, pillant  chaque  village,

Et répandant partout l'effroi et la terreur.

On  n'osait  plus  sortir,  tant grande était la peur…


Jacques HAMARD décrit ensuite la traque et la poursuite de la louve, il conclut ainsi :

Ce qu'on  peut affirmer  sans être des menteurs,

C'est qu'on a pu nous voir, nous tous, trente chasseurs

Courant  comme  des fous  et fiers comme des princes

En six heures de temps, passer sur trois provinces

Et tels qu'une bombe emportée par  le  vent

Passer ce  même jour sur trois départements…

Au début du XXème siècle, à chaque fête communale de Saint Mars, la louve empaillée était en bonne place sur le char de la chasse ou celui de l’agriculture…