Les hommes de Saint-Mars dans la Grande Guerre : 1915

 Dès le début de l’année 1915, la guerre se fige dans les tranchées. Joffre, le chef de l’armée française lance de grandes batailles afin de reprendre les territoires occupés et enfoncer les lignes allemandes en Artois. Du 9 mai au 24 juin 1915, pour conquérir 20 km², les Français perdent 102 500 hommes (blessés, tués, disparus). Parmi eux, les soldats de Saint-Mars, Ernest MAIGNAN et Henri POMMIER.

Le front en 1915
Le front en 1915

En septembre 1915, l’état-major du général Joffre décida de lancer une grande attaque dans la plaine de Champagne. En deux mois, 8 soldats de Saint-Mars sont morts dans les tranchées de la Marne et l’Aisne en participant à des attaques répétées, meurtrières et inutiles.

La vie dans les tranchées

Dans la forêt d’Argonne, les soldats s’enterrent dans les tranchées
Dans la forêt d’Argonne, les soldats s’enterrent dans les tranchées

Paroles de soldats

Basile GOURDET , soldat du 150e RI, arrive au front au début du mois de mars 1915.  Il raconte sa vie dans les tranchées de la forêt d’Argonne :

« Nos tranchées sont peut-être à 40-50 mètres des Boches. Il ne fait pas bien bon parce qu’ils nous envoient des pruneaux. Mais ça ne nous empêche pas de leur en renvoyer de notre côté.

Après 3 jours et 3 nuits dans les tranchées, nous avons 3 jours de repos. Mais, c’est dur et puis surtout c’est sale. Quand nous sommes au repos, nous sommes dans des souterrains, nous n’avons même pas de paille pour dormir, c’est plein de poux, c’est comme du fumier. Nous n’avons pas d’eau pour nous nettoyer.

 Les Boches nous envoient des bombes. Il faut avoir les yeux clairs pour voir si elles ne nous tombent point sur la goule. Parce que si nous ne les voyons point venir, nous n’avons point le temps de nous sauver. Quand elles tombent en pleine tranchée, ça nettoie les bonshommes. Quand nous sommes dans les tranchées, nous ne savons point si nous sommes morts ou vivants.

Nous n’avançons à rien. Des victimes tous les jours.  Que des pertes ! Je ne sais si ça avance sur les autres points.

2 avril 1915 : La nuit, il gèle encore bien dur, on s’en aperçoit bien surtout quand on couche dehors, sur la terre dans les tranchées. Nous ne dormons pas beaucoup, nous sommes gelés.

11 avril 1915 : Il fait trop mauvais dans les tranchées. Il a tombé de l’eau tous ces jours, c’est bien mouillé. Par place, nous avons de l’eau jusqu’aux genoux. Ce matin, je suis allé à la cuisine. Nous avons à peu près 4 km à faire pour aller chercher la soupe.

  Nous sommes comme des bêtes sauvages, toujours dans les bois. Nous ne voyons jamais de civils parce que tous les pays à l’entour sont évacués, il n’y a plus que la troupe. »

Un blessé va être évacué, dans des couvertures, par les brancardiers
Un blessé va être évacué, dans des couvertures, par les brancardiers

 

Les blessés les plus graves sont soignés à l’arrière de la ligne de front. Les autres sont acheminés par le train dans tous les hôpitaux de France.

Témoignage de François LEMAITRE, soldat des Services Auxiliaires, infirmier à l'hôpital de Mayenne.

Il écrit le 7 mai 1915 à ses parents:

" Que des vilaines choses à vous dire.

Deux trains de blessés par jour. 80 pour notre part. Des pansements nuit et jour, pas le temps de manger.

30 ont les bras cassés, au moins 10 à amputer et un de mort de la nuit dernière. Plusieurs sont atteints de gangrène, pansements deux fois par jour et tous ont 3 ou 4 blessures.

Ce n’est plus la guerre, c’est la fin du monde. 

Sur les dernières dépêches, nous perdons toujours du terrain. Pour moi, nous sommes perdus. Nous sommes à moitié fous. Je ne demande plus qu’une chose, c’est de partir sur le front puisque faudra tous y aller."

Les convalescents
Les convalescents

Les soldats français changent de tenue

Les soldats français avaient fière allure dans leur uniforme bleu et rouge lorsqu’ils sont partis à la guerre en août 1914. Ces couleurs voyantes en faisaient des cibles faciles pour leurs ennemis.

A partir d’avril 1915, les Français reçoivent de nouveaux uniformes. D’un bleu presque gris appelé « bleu horizon », ils sont moins visibles et plus confortables.

Baïonnette au canon, les soldats sont prêts pour l’attaque
Baïonnette au canon, les soldats sont prêts pour l’attaque

Pour les soldats engagés dans la guerre des tranchées, les blessures à la tête provoquaient de nombreux décès sur le champ de bataille. Le simple képi fut remplacé par le casque de métal Adrian à partir de septembre 1915.

Enfin, pour se protéger des gaz toxiques, les poilus seront équipés de masques à gaz à la fin de 1915.

Soldats de Saint-Mars morts en 1915 (16 morts)
Date de décès Nom Prénom Régiment Lieu de décès Âge
JANVIER 1915
10/01/1915 GESLIN François 330e RI Verdun (Meuse) 31 ans
22/01/1915 GESLIN Pascal 330e RI Bar-le-Duc (Meuse) 30 ans
FEVRIER
02/02/1915 LALANDE Eugène 26e RIT Abbeville (hôpital) (Somme) 42 ans
26/02/1915 CHANTEPIE Louis 130e RI Minaucourt (Marne) 32 ans
JUIN
17/06/1915 MAIGNAN Ernest 8e RMZ Souchez (Pas-de-Calais) 28 ans
24/06/1915 POMMIER Henri 2e RMZ Souchez (Pas-de-Calais) 26 ans
JUILLET
10/07/1915 FERRAND Eugène 4e SCOA Le Mans (hôpital) (Sarthe) 31 ans
AOUT
05/08/1915 GOUPIL Joseph 130e RI Kassel (Allemagne) 34 ans
SEPTEMBRE
17/09/1915 RENAULT Élie 112e RI Pontavert (Aisne) 34 ans
25/09/1915 LAGADEC Albert 94e RI Saint-Hilaire-le-Grand (Marne) 21 ans
26/09/1915 MOREL Armand 150e RI Saint-Hilaire-le-Grand (Marne) 20 ans
27/09/1915 JAMOTEAU Constant 130e RI Saint-Hilaire-le-Grand (Marne) 30 ans
27/09/1915 PERDEREAU Georges 143e RI Massiges (Marne) 25 ans
27/09/1915 POMMIER Constant 130e RI Saint-Hilaire-le-Grand (Marne) 28 ans
OCTOBRE
27/10/1915 LESAGE Ferdinand 209e RIT Thuizy (Marne) 38 ans
30/10/1915 LESAGE Alphonse 209e RIT Mourmelon le petit (Marne) 39 ans
 
   

 RI : Régiment d'Infanterie

RIT : Régiment d'Infanterie Territoriale

SCOA : Section de Commis et Ouvriers d'Administration

RMZ : Régiment de Marche de Zouaves

 

Dans ce tableau, les soldats écrits en bleu étaient frères :

GESLIN François et Pascal

POMMIER Henri et Constant

LESAGE Ferdinand et Alphonse

Ce tableau témoigne des souffrances endurées par toutes ces familles endeuillées.

Le soldat Joseph GOUPIL était prisonnier en Allemagne. Les camps manquaient de sanitaires et l’eau y était fétide. Joseph GOUPIL est mort du typhus.